14 janvier 2013 – Les vecteurs d’influence, armes de guerre de premier plan
Publié le 14 janvier 2013 par Bruno Racouchot
Les événements récents et violents, tant en Somalie qu’au Mali, nous rappellent que le traitement de l’information et la gestion communicationnelle des crises comptent au moins autant que l’aspect purement militaire et technique. Une analyse publiée aujourd’hui sur le site Slate.fr, intitulée Médias d’influence : l’information comme arme de guerre, a le mérite de nous rappeler que si « l’armée américaine finance des sites, des radios dans des zones de conflits », la France désormais s’efforce de faire de même. Avec cependant bien du chemin à parcourir. Comme le reconnaît Romain Mielcarek, auteur de l’article, « si les Français s’inspirent des expériences anglo-saxonnes en matière d’opérations d’information, la pratique reste aléatoire. Alors que les Allemands ou les Britanniques disposent d’unités spécialement formées pour ce type de missions, l’armée française peine à ouvrir des postes dédiés à cette étonnante spécialité. Plus largement, elle peine à l’intégrer dans une réflexion plus globale, coordonnée avec la diplomatie et les politiques. »
Etayant son propos de références très concrètes, puisées en particulier dans le cadre de l’Afghanistan, l’auteur met en avant les réticences persistantes de nos états-majors à promouvoir ce type d’opérations. Quelques initiatives sont bien soutenues, au sein des unités ou via les différents centres d’étude, de recherche ou de doctrine de l’Ecole militaire, par des cadres de haut niveau qui ont parfaitement saisi les enjeux. Malheureusement, ils ont souvent l’impression de prêcher dans le désert. Et le Centre interarmées des actions sur l’environnement (CIAE), pour peu qu’il intègre l’ensemble du spectre nécessaire, reste largement sous-dimensionné. Comme l’écrit pudiquement Romain Mielcarek, « il semble que l’expérience a été peu sujette à réflexion au sein de la communauté militaire »… La force des habitudes fait qu’ici comme dans d’autres domaines, notre pays éprouve bien des difficultés à opérer des mutations pourtant indispensables. Un comble quand on sait que les meilleurs spécialistes de ces questions Outre-Atlantique se sont nourris des réflexions des grands théoriciens français de la contre-insurrection ! Nul n’est prophète en son pays, certes. Mais peut-être serait-il temps d’ouvrir les yeux et faire preuve d’un peu de pragmatisme.
Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence
Pour en savoir plus sur les opérations d’information côté américain, voir également Information Operations, Joint Publication 3-13, 27 November 2012