18 janvier 2013 – Quand la légitimité se construit dans l’espace public et médiatique
Publié le 18 janvier 2013 par Bruno Racouchot
Intéressant entretien accordé par Dominique Pestre, historien des sciences, dans Libération de ce jour (18/01/13) sous l’intitulé « L’ignorance peut être fabriquée ». Pour ce directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui vient de publier A contre-science – Politiques et savoirs des sociétés contemporaines (Seuil, janvier 2013), « ce qui a changé récemment n’est pas tant la complexité des décisions à prendre que le fait que l’espace public et médiatique est devenu le lieu où les légitimations se construisent. » Un constat qui met bien en relief la pertinence de l’engagement des stratégies d’influence.
D’autant que Dominique Pestre inscrit sa démarche dans le cadre des réflexions sur la technique. Or, il existe des interactions permanentes entre le monde des idées et celui de la technique. « Au fond, le problème que rencontrent nos sociétés est : comment vivons-nous avec les techniques et les savoirs scientifiques ? Ceux-ci sont porteurs de bénéfices, mais engendrent aussi des dégâts, des effets négatifs inattendus. Il faut donc faire des choix en tenant compte des incertitudes comme des intérêts en jeu (économiques, par exemple). Le niveau politique est légitime, en démocratie, pour arbitrer, mais il est essentiel qu’il explicite ses choix et rende publics les paramètres de ses décisions. » Maîtriser un savoir ou une technique est une chose, faire passer un message ou justifier un positionnement est en une autre. La démonstration purement technique n’est plus forcément suffisante. Favoriser une bonne perception exige de jouer habilement avec les concepts, les images, le dits et les non-dits. Un bon moyen de nous rappeler que l’influence s’exerce certes par des techniques, mais qu’elle existe d’abord et avant tout par des idées et des interprétations.
Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence