2 mai 2013 – Puissance et influence du simulacre
Publié le 2 mai 2013 par Bruno Racouchot
« Nous sommes plongés dans un univers artificiel de publicités, d’images et de phantasmes envahissant tous les écrans, fixes et portables, comme si nous étions passés de l’autre côté du miroir qui réfléchit les modèles. Cet univers virtuel régi, non plus par le principe de réalité, mais par ‘le principe de simulation’, sans la moindre distance, est un univers privé de centre ». Et de fait, « c’est désormais la réalité qui tourne autour du simulacre, et non l’inverse. » Ceux qui s’intéressent à l’architectonique des jeux d’influence liront avec plaisir le dernier ouvrage de Jean-François Mattéi, La puissance du simulacre – Dans les pas de Platon (François Bourin éditeur, 216 p., 20 €). Professeur à l’université de Nice-Sophia Antipolis, spécialiste de l’histoire de la philosophie, il établit un aller-retour édifiant entre les fondements platoniciens de notre civilisation et l’évolution de l’art cinématographique. Avec des conséquences bien concrètes pour notre quotidien, tant les règles de domination par l’influence du 7ème art sont désormais d’une importance capitale dans les rapports de force, prouvant une nouvelle fois les immenses ressources du soft power.
Lecteur avisé de Platon, Jean-François Mattéi croise deux de ses dialogues (le livre VII de la République et le Timée), avec l’analyse des méthodes contemporaines de modélisation des images. « Nous vivons une époque étrange. Les progrès considérables des sciences et des techniques ont permis à l’homme d’abolir les illusions des anciens modes de connaissance, celles des mythes et des religions, et d’approcher toujours plus près de la réalité, qu’elle soit physique, chimique ou biologique. Mais en même temps, le monde actuel se présente comme la consécration des images et des simulacres au détriment de ce qui se donne d’emblée pour la réalité vécue. Nous assistons au renversement radical de l’ontologie fondamentale qui avait dominé l’histoire de la pensée occidentale depuis Platon jusqu’à Einstein. » Désormais, le monde visible et les images qu’il produit sous forme de simulacres sans cesse renouvelés, produisent « paradoxalement une réalité virtuelle plus réelle que la réalité actuelle ». Une belle démonstration qui invite à réfléchir sur les racines les plus profondes des mécanismes d’influence.
Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence
Présentation et références de l’ouvrage de Jean-François Mattéi