10 septembre 2013 – Influence, chronologie, histoire et perte des repères

Publié le 10 septembre 2013 par Bruno Racouchot

Dans un entretien accordé au Figaro (« En histoire, la chronologie est le socle de tout », 06/09/2013), l’historien et académicien Max Gallo dénonce vigoureusement la confusion savamment entretenue dans les programmes scolaires, notamment en histoire où, selon lui, la perte des repères chronologiques se révèle gravissime. Un plaidoyer qui ne peut que retenir l’attention des spécialistes de l’influence, tant il est vrai que celle-ci n’a d’effet qu’en délivrant du sens et des repères au sein d’un « milieu » culturel et social apte à en saisir la portée. « Aujourd’hui, les programmes sont organisés autour de grands thèmes au détriment de la chronologie. Une erreur fondamentale sur laquelle il faut revenir. Il est absolument impossible de comprendre l’histoire si on abandonne la chronologie » constate Max Gallo, qui ajoute : « Les élèves ne peuvent rien comprendre à l’histoire de France si vous ne leur mettez pas dans la tête que Louis XIV est antérieur à Napoléon. Comment parler du ‘totalitarisme’ sans avoir étudié l’installation du régime nazi ? La chronologie est le socle sur lequel construire les programmes. »  A ces repères indispensables dans le temps s’ajoute la bonne connaissance du contexte spatial, donc géopolitique. L’histoire et la géographie, on le sait, constituent de formidables vecteurs d’influence. En méconnaître la logique propre revient à se dépouiller de notre pouvoir d’apprécier correctement et sereinement le monde au sein duquel nous évoluons.

Max Gallo plaide donc en faveur d’un retour « à l’histoire de la France. L’histoire, c’est d’abord un enracinement. Ce n’est pas faire du chauvinisme ou du nationalisme que de dire que les empires de l’Afrique noire au XVIIIe siècle sont évidemment très importants mais qu’il faut d’abord connaître l’histoire de France. C’est tout de même là que vivent la majorité des élèves. » Max Gallo enfonce d’ailleurs le clou en ajoutant qu’il « faut redonner toute sa place au rôle des hommes et des grands hommes. » C’est seulement « une fois bien dessinés le cadre national et le rôle des hommes » que l’on peut « évidemment comparer avec les autres pays et civilisations. Il ne faut pas faire une histoire close. » L’influence, on le sait, s’exerce tout à la fois par la raison et la séduction. Dans son analyse, Max Gallo n’omet pas cette dernière en s’affirmant partisan du « roman national ». « Il ne faut pas s’interdire de jouer sur l’émotion. Cela ne signifie pas qu’on va transformer en air d’opéra tout ce qui a eu lieu ou qu’on va faire de chaque personnage un héros. Mais l’émotion est le lien qui nous unit à nos prédécesseurs, à ceux qui, avec des conflits et des déchirures, ont construit l’histoire de la nation. » On comprend mieux dès lors en quoi la maîtrise et la bonne connaissance des paramètres spatio-temporels de notre être-propre, ici et maintenant, constituent le socle de notre devenir.

Bruno Racouchot, Directeur de Communication & Influence

Lire l’entretien avec Max Gallo dans Le Figaro

 

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