force des idées
22 mai 2014 – Force des idées, think tanks et jeux d’influence
De quoi les think tanks sont-ils le nom ? Se révèlent-ils à nous comme des lieux où l’on pense, où l’on fait germer des idées ? Où ne sont-ils en réalité rien d’autre que des officines de manipulation de l’opinion ? En quoi se différencient-ils des cercles, clubs, ateliers, réseaux, observatoires et autres lieux de réflexion et de production de connaissances ? Les définitions des think tanks sont aussi nombreuses qu’incertaines. Et c’est justement le mérite de François-Bernard Huyghe de mettre de l’ordre et du sens dans ce maelström avec un petit livre qui a connu peu d’écho médiatique mais dont l’intérêt est immense pour qui s’intéresse aux jeux d’influence, un petit livre au titre éloquent : Think tanks, quand les idées changent vraiment le monde (Vuibert, 2013, 157 p., 19 €). On ne dira jamais assez à quel point François-Bernard Huyghe, médiologue, docteur en sciences politiques et chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), mène depuis des années un combat d’une rare intelligence dans la sphère de l’influence, s’imposant sans nul doute comme l’un des meilleurs analystes en ce domaine. Il en donne une nouvelle fois la preuve magistrale. Lire la suite
25 octobre 2013 – Beyrouth, 23 octobre 1983 : l’attentat contre le poste Drakkar. Une vie du hard power au soft power…
Il arrive fréquemment que l’on me demande quand est née ma réflexion sur l’influence et plus généralement le soft power. Invariablement, je réponds : « À Beyrouth, le 23 octobre 1983« . Autrement dit quand le poste Drakkar fut la cible d’un attentat terroriste qui tua 58 parachutistes français. Nous venons avec tristesse d’en honorer le 30ème anniversaire. Précisons l’ampleur du désastre. Car un autre attentat, deux minutes plus tôt, avait tué 241 marines américains retranchés dans l’aéroport de Beyrouth. A cette question sur la gestation d’une réflexion personnelle sur l’influence, réponse directe. Réaction immédiate. Mes interlocuteurs sont en général médusés. Médusés d’une part d’apprendre que j’étais alors jeune officier présent sur place (au nord de Drakkar, rue de Verdun, ça ne s’invente pas !), et que j’avais participé au sauvetage des survivants, puis aux missions qui se déroulèrent alors à Beyrouth ouest. D’autre part, de constater que, d’un événement aussi violent, avait pu naître une réflexion sur l’influence. Car le jeune lieutenant des parachutistes d’Infanterie de Marine que j’étais alors avait compris d’emblée que le hard power ne pouvait pas grand-chose dans la nasse de Beyrouth. Et que si nous étions condamnés à en sortir piteusement, c’était par déficit stratégique, inadaptation à la mission (pas de cadre politique et juridique clair), et altération flagrante de la perception par les opinions publiques occidentales. Les Américains avaient beau avoir des norias d’hélicoptères, le New Jersey pouvait bien tirer des obus de marine, le hard power n’était que de peu de secours dans une poudrière comme Beyrouth. D’où l’idée qui germa alors dans mon esprit – de manière minuscule, un chef de section a, en la circonstance, bien d’autres chats à fouetter ! –d’engager peu à peu une réflexion sur le soft power, notamment en mettant en relief le jeu des idées dans les stratégies d’influence. La puissance de l’esprit et la force des idées sont toujours supérieures sur le long terme à la brutalité et l’actualité. Encore faut-il pouvoir penser le long terme… Lire la suite
3 juin 2013 – Claude Revel, nouvelle D2IE : une bonne nouvelle pour l’influence
Le 29 mai, Claude Revel a été nommée en Conseil des Ministres Déléguée interministérielle à l’intelligence économique. Elle remplace ainsi Olivier Buquen et se verra rattachée directement au Premier ministre. Ceux qui s’intéressent aux stratégies d’influence savent que Claude Revel a à cœur d’étudier plus particulièrement ce segment trop peu connu de l’intelligence économique. A l’occasion de la sortie de son dernier livre, La France : un pays sous influences ? (Vuibert, 2012), elle avait eu la courtoisie de m’accorder un long entretien pour notre Lettre mensuelle Communication & Influence (n° 34, juin 2012). Elle plaidait alors en faveur d’un recours sans équivoque aux stratégies d’influence, qui privilégient la force des idées, la richesse des contenus et la réhabilitation de la pensée stratégique. En conclusion de l’entretien, elle soulignait : « A rebours des Anglo-saxons, les Français ont trop souvent le défaut d’établir une rupture entre la réflexion et l’action. Inversons la tendance. Cohérence, lucidité, volonté sont autant de vertus qui permettront à l’influence de trouver ses lettres de noblesse, de redonner un nouveau souffle à la réflexion stratégique et de s’imposer comme une arme-clé face aux défis à venir. » Lire la suite