rhétorique
22 mai 2014 – Force des idées, think tanks et jeux d’influence
De quoi les think tanks sont-ils le nom ? Se révèlent-ils à nous comme des lieux où l’on pense, où l’on fait germer des idées ? Où ne sont-ils en réalité rien d’autre que des officines de manipulation de l’opinion ? En quoi se différencient-ils des cercles, clubs, ateliers, réseaux, observatoires et autres lieux de réflexion et de production de connaissances ? Les définitions des think tanks sont aussi nombreuses qu’incertaines. Et c’est justement le mérite de François-Bernard Huyghe de mettre de l’ordre et du sens dans ce maelström avec un petit livre qui a connu peu d’écho médiatique mais dont l’intérêt est immense pour qui s’intéresse aux jeux d’influence, un petit livre au titre éloquent : Think tanks, quand les idées changent vraiment le monde (Vuibert, 2013, 157 p., 19 €). On ne dira jamais assez à quel point François-Bernard Huyghe, médiologue, docteur en sciences politiques et chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), mène depuis des années un combat d’une rare intelligence dans la sphère de l’influence, s’imposant sans nul doute comme l’un des meilleurs analystes en ce domaine. Il en donne une nouvelle fois la preuve magistrale. Lire la suite
20 février 2014 – Prise de décision, résistance au changement et leviers d’influence
« Mes travaux s’intéressent pour l’essentiel aux différents processus de résistance au changement. Je tente de comprendre comment nous en arrivons à être influencés, pas seulement par les autres mais aussi par nous-mêmes. Notamment en me penchant sur cette face obscure de la prise de décision dans laquelle nous sommes amenés à décider en prenant appui sur des normes, des routines et des habitudes que l’on appelle en psychologie, préjugés et stéréotypes. Parfois au détriment du libre arbitre, puisque nous sommes dans l’illusion. » Ce constat ouvre une intéressante tribune publiée par Patrice Georget, maître de conférences en psychologie sociale à l’université de Caen, dans les colonnes de l’hebdomadaire Le nouvel Economiste (n° 1701 du 14/02/14). Patrice Georget cherche ainsi à comprendre comment nous réagissons « lorsque nous sommes stressés, saturés d’informations. Cette baisse de vigilance nous amène à décider dans l’incertitude, en l’absence de sens critique, car des réflexes automatiques vont piloter le comportement. » Nous sommes donc influencés par des pensées que nous considérons comme naturelles, justes et acquises. Lire la suite
17 décembre 2013 – Un exemple d’influence positive en opérations extérieures : Radio Surobi en Afghanistan
L’une de nos dernières notes, Opérations d’environnement d’hier et d’aujourd’hui : de l’Algérie à l’Afghanistan (05/12/13), a suscité nombre de réactions, prouvant l’intérêt que nos lecteurs portent à ces questions. Pour enrichir le débat sur ce sujet des opérations d’influence en opérations extérieures, on peut ici évoquer le témoignage récemment paru de Raphaël Krafft, Captain teacher – Une radio communautaire en Afghanistan (éditions Buchet Chastel, septembre 2013). Journaliste, l’auteur s’est engagé en 2009 dans l’armée française pour aider la Légion étrangère à créer une radio communautaire dans une zone reculée de l’Afghanistan. La question centrale qui se pose ici est celle de la nature même des opérations liées au soft-power : quelles sont les limites des opérations d’influence ? Comment privilégier l’indépendance d’esprit des participants et jouer la carte d’une influence positive ? Doivent-elles se distinguer clairement des opérations grises – voire noires – qui peuvent compromettre le rayonnement réel et les bonnes relations que l’on cherche à établir sur le long terme ? Ou au contraire, doit-on envisager de les combiner, si toutefois cela se révèle être possible et opportun ?… Bref, comme dans nombre d’opérations d’influence, les vecteurs utilisés comptent moins que la définition initiale de la ligne stratégique retenue. Lire la suite